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les lucarnes… (la jeune fille arabe…)
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MAIS LORSQUE FUT
LA NEUF CENT QUATRE-VINGT-DOUZIÈME NUIT

Elle dit :

… Et cette jeune Arabe était douée par son Créateur d’une taille charmante de cinq empans, et d’une poitrine moulée dans le moule de la perfection ; et, pour tout le reste, elle était semblable à une pleine lune dans une nuit de pleine lune.

Or, lorsque la jeune fille vit arriver cette brillante troupe de cavaliers, elle se hâta de charger l’outre sur son épaule et de se retirer. Mais comme, dans sa précipitation, elle n’avait pas pris le temps de bien lier l’ouverture du col de l’outre, le lien se détacha, au bout de quelques pas, et l’eau s’échappa de l’outre à grand bruit. Et la jeune fille cria, en se tournant vers l’endroit où s’élevait son habitation : « Mon père, mon père, viens, maîtrise la bouche de l’outre ! La bouche m’a trahie ! Je ne suis plus maîtresse de la bouche ! »

Et ces trois indications, criées à son père, furent dites par la jeune Arabe avec un choix de mots si élégants et une intonation si charmante que le khalifat, émerveillé, s’arrêta court. Et tandis que la jeune fille, ne voyant point venir son père, lâchait son outre, pour ne pas se mouiller, le khalifat s’avança vers elle et lui dit : « Ô jeune enfant, de quelle tribu es-tu ?» Et elle répondit de sa voix délicieuse :