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les mille nuits et une nuit

d’entre tous les Abbassides, féconda les contrées musulmanes par la paix et la justice, protégea efficacement et honora les savants et les poètes, et lança nos pères arabes dans le meidân des sciences. Et, malgré ses immenses occupations et ses journées remplies par le travail et l’étude, il savait trouver des heures pour les réjouissances, les gaietés et les festins. Et les musiciens et les chanteuses eurent une large part de ses sourires et de ses bienfaits. Et il savait choisir, pour en faire ses épouses légales et les mères de ses enfants, les femmes les plus intelligentes, les plus éclairées et les plus belles de leur temps. Et d’ailleurs voici un exemple, entre vingt autres, de la manière dont s’y prenait Al-Mâmoun pour jeter son dévolu sur une femme et la choisir comme épouse.

Un jour, en effet, comme il revenait de la chasse à courre avec une escorte de cavaliers, il arriva à une fontaine. Et là se tenait une jeune fille arabe qui se disposait à charger sur ses épaules une outre qu’elle venait de remplir à la fontaine. Et cette jeune Arabe était douée par son Créateur d’une taille charmante de cinq empans, et d’une poitrine moulée dans le moule de la perfection ; et, pour tout le reste, elle était semblable à une pleine lune dans une nuit de pleine lune…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.