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LA FIN DE GIAFAR ET DES BARMAKIDES


Voici donc, ô Roi fortuné, cette histoire pleine de larmes, qui marque le règne du khalifat Haroun Al-Rachid d’une tache de sang que ne sauraient laver les quatre fleuves.

Tu sais déjà, ô mon maître, que le vizir Giafar était l’un des quatre fils de Yahia ben Khaled ben Barmak. Et son frère aîné était El-Fadl, frère de lait d’Al-Rachid. Car, à cause de la grande amitié et du dévouement sans bornes qui liait la famille de Yahia à celle des Abbassides, la mère d’Al-Rachid, la princesse Khaïzarân, et la mère d’Al-Fadl, la noble Itâbah, unies elles-mêmes par la plus vive affection et la plus profonde tendresse, avaient échangé leurs nourrissons, qui étaient à peu près du même âge, donnant chacune au fils de son amie le lait qu’Allah avait destiné à son propre fils. Et c’est pourquoi Al-Rachid appelait toujours Yahia « mon père », et Al-Fadl « mon frère »…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.