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la fin de giafar et des barmakides
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présenta, lui dit : « Père, qu’a donc Zobéida à se plaindre de toi ? » Et Yahia demanda : « Est-ce que l’on m’accuse du côté de ton harem, ô émir des Croyants ? » Al-Rachid sourit et dit : « Non pas, ô père ! » Et Yahia dit : « En ce cas, ne tiens pas compte de ce qui t’est dit sur moi, ô émir des Croyants. » Et, dès lors, il redoubla encore de sévérité, si bien qu’une nouvelle fois Sett Zobéida se plaignit avec aigreur et ressentiment à Al-Rachid, qui lui dit : « Ô fille de l’oncle, il n’y a pas lieu vraiment d’accuser mon père nourricier Yahia pour rien de ce qui concerne le harem. Car Yahia ne fait qu’exécuter mes ordres et accomplir son devoir. » Et Zobéida répliqua avec véhémence : « Eh, par Allah ! que ne s’occupe-t-il donc un peu plus de son devoir, qui est d’empêcher les imprudences de son fils Giafar. » Et Al-Rachid demanda : « Quelles imprudences ? Qu’y a-t-il ? » Alors Zobéida raconta l’affaire d’Abbassah, sans d’ailleurs y attacher d’autre importance. Et Al-Rachid, devenu sombre, demanda : « Et y a-t-il des preuves de cela ? » Elle répondit : « Et quelle meilleure preuve que l’enfant qu’elle a eu de Giafar ? » Il demanda : « Où est-il, cet enfant ? » Elle répondit : « Dans la ville sainte, berceau de nos aïeux. » Il demanda : « D’autres que toi ont-ils connaissance de cela ? » Elle répondit : « Il n’y a pas dans ton harem et dans ton palais une seule femme, fût-ce la dernière esclave, qui ne le sache. »

Et Al-Rachid n’ajouta pas une parole de plus. Mais, peu de temps après, il annonça son intention d’aller en pèlerinage à la Mecque. Et il partit, emmenant Giafar avec lui.