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la fin de giafar et des barmakides
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que je reprenne, d’une manière ou d’une autre, une seule obole de ce que mon père El-Fadl t’a donné. »

Et, depuis, toutes mes instances et prières furent inutiles. Et je ne pus lui faire accepter la moindre marque de ma reconnaissance envers son père. Il était vraiment d’un sang pur, ce fils des nobles Barmakides ! Puisse Allah les rétribuer tous selon leurs mérites, qui étaient très grands !

Quant au khalifat Al-Rachid, après s’être vengé si cruellement d’une injure qu’il était seul, après Allah, à connaître, et qui devait être bien vive, il rentra à Baghdad, mais il ne fit qu’y passer. En effet, ne pouvant plus désormais habiter cette ville, que pendant tant d’années il s’était plu à embellir, il alla se fixer à Raccah, et ne revint jamais plus dans la cité de paix. Et c’est précisément ce subit abandon de Baghdad, après la disgrâce des Barmakides, que le poète Abbas ben El-Ahnaf, qui était de la suite du khalifat, a déploré dans les vers suivants :

À peine avions-nous ordonné aux chameaux de plier le genou, qu’il a fallu nous remettre en route, sans que nos amis aient pu distinguer notre arrivée de notre départ.

Ô Baghdad ! nos amis venaient s’informer de nos nouvelles et nous souhaiter la bienvenue au retour ; mais nous devions leur répondre par les adieux.

Ô cité de paix ! il est bien vrai que de l’orient à l’occident je ne connais pas de ville plus heureuse et plus riche et plus belle que toi.