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la tendre histoire du prince jasmin…
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nourri une terre inféconde, et rien n’est plus avantageux pour toi que ce qui vient de se passer. Sache, en effet, que je viens vers toi en messager d’amour. Et je vois que tu mérites vraiment le don de l’amour, qui est le premier des dons et le dernier, selon ces paroles du poète :

» Lorsque rien n’existait, l’amour existait ; et lorsqu’il ne restera plus rien, l’amour restera. Il est le premier et le dernier.

Il est le pont de la vérité ; il est au-dessus de tout ce que l’on peut dire. Il est le compagnon dans l’angle du tombeau.

Il est le lierre qui s’attache à l’arbre et prend sa belle vie verte dans le cœur qu’il dévore. »

Puis le vieux derviche continua : « Oui, mon fils, je viens vers ton cœur en messager d’amour ; mais nul ne m’a envoyé que moi-même. Et si j’ai traversé les plaines et les déserts, c’est que j’étais à la recherche de l’être assez parfait pour mériter d’approcher la féerique jeune fille qu’un matin, passant par un jardin, il me fut donné d’entrevoir. » Et il s’arrêta un moment, puis reprit : « Sache en effet, ô plus léger que le zéphyr, que dans le royaume limitrophe de ce royaume de ton père Noujoum-Schah, vit dans l’attente du jouvenceau de son rêve, dans ton attente, ô Jasmin, une houri de race royale, au visage de fée, honte de la lune, une perle unique dans l’écrin de l’excellence, un printemps de fraîcheur, une niche de beauté. Son corps délicat couleur d’argent est moulé comme le