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les mille nuits et une nuit

qui peut se dire sauf des ruses des femmes ? Et le Prophète béni — sur Lui la prière et la paix — a dit, en parlant d’elles : « Ô Croyants, vous avez des ennemis dans vos épouses et dans vos filles ! Elles sont défectueuses quant à la raison et quant à la religion. Elles sont nées d’une côte tordue. Vous les réprimanderez ; et, celles qui vous désobéiront, vous les battrez. » Or moi, comment vais-je te traiter maintenant que tu as joué le jeu de l’inconvenance avec un étranger, gardien de bestiaux, dont l’union ne saurait convenir aux filles des rois ? Dois-je, dis-le-moi, par un coup d’épée, faire voler ta tête et la sienne, et brûler votre double existence dans le feu de la mort ? » Et, comme elle pleurait, il ajouta : « Retire-toi plutôt de ma présence, et va t’enterrer derrière le rideau du harem. Et n’en sors plus sans ma permission. »

Et, ayant puni de la sorte sa fille Amande, le roi Akbar donna l’ordre de faire disparaître le gardien des bestiaux. Or, il y avait, près de la ville, un bois, terrible séjour des bêtes effroyables. Et les hommes les plus braves étaient saisis de crainte en entendant prononcer le nom de cette forêt, et restaient paralysés et les cheveux hérissés. Et là, le matin paraissait être la nuit, et la nuit était pareille au lever sinistre de la Résurrection. Et il y avait là, entre autres épouvantements, deux cochons-daims qui étaient l’effroi des quadrupèdes et des oiseaux, et qui venaient même quelquefois porter la dévastation dans la ville.

Et donc, les frères de la princesse Amande, sur l’ordre du roi, envoyèrent l’infortuné Jasmin dans