Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 16, trad Mardrus, 1904.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
36
les mille nuits et une nuit

de ses méfaits, car c’était un homme tranquille, sage, sensible et jaloux de sa réputation, quoique pauvre et d’humble condition. Et il avait pour habitude, afin d’éviter le bruit et les cris, de dépenser tout ce qu’il gagnait, et satisfaire ainsi aux dépenses de sa femme, cette sèche et méchante et acariâtre personne. Et s’il lui arrivait, par malechance, de ne pas gagner suffisamment dans sa journée, c’étaient des cris dans ses oreilles et des scènes épouvantables sur sa tête, pendant toute la nuit, sans paix ni merci. Et elle lui faisait passer ainsi des nuits plus noires que le livre de sa destinée. Et c’est à elle que pouvait s’appliquer le dire du poète :

Que de nuits sans espoir je passe aux côtés de mon épouse, la teigne pattue !

Ah ! que n’ai-je, lors de la nuit funèbre de mes noces, apporté une coupe de poison froid, pour lui faire éternuer son âme !

Or, entre autres afflictions éprouvées par ce Job de la patience…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA NEUF CENT SOIXANTIÈME NUIT

Elle dit :