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les mille nuits et une nuit

ment. Au lieu de discourir de la sorte, tu ferais bien mieux de m’indiquer le moyen de remédier à la situation, et surtout de me prouver que mon gendre, l’émir Mârouf, est un imposteur ou un menteur. » Et le vizir répondit : « Tu dis vrai, ô roi, et c’est là une idée excellente. Il faut prouver, avant de condamner. Or, pour arriver à la vérité, il n’y a personne qui pourra nous être d’un plus précieux secours que la princesse, ta fille. Car nul n’est plus proche du secret du mari, que l’épouse. Fais-la donc venir ici, afin que je puisse l’interroger de derrière le rideau qui nous séparera, et me renseigner ainsi sur le sujet qui nous intéresse. » Et le roi répondit : « Il n’y a pas d’inconvénient. Et, par la vie de ma tête ! s’il vient à nous être prouvé que mon gendre nous a trompés, je le ferai mourir de la pire mort et lui ferai goûter le plus noir trépas. »

Et aussitôt il fit prier la princesse sa fille de se présenter dans la salle de réunion. Et il fit tendre entre elle et le vizir un grand rideau, derrière lequel elle s’assit. Et tout cela fut dit, combiné, et exécuté pendant une absence de Mârouf.

Et donc, le vizir, ayant réfléchi à ses questions et combiné son plan, dit au roi qu’il était prêt. Et, de son côté, la princesse, de derrière le rideau, dit à son père : « Me voici, ô mon père. Que désires-tu de moi ? » Il répondit : « Que tu parles avec le vizir. » Et elle demanda alors au vizir : « Eh bien, toi, le vizir, que veux-tu ? » Il dit : « Ô ma maîtresse, tu dois savoir que le trésor du règne est vide, complètement, grâce aux dépenses et aux prodigalités de l’émir Mârouf, ton époux. En outre, la caravane