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histoire du gâteau échevelé…
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princesse, son épouse, qui était devenue passionnément éprise de lui.

Or, au bout de ces vingt jours, durant lesquels on n’avait eu aucune nouvelle de la caravane de Mârouf, les prodigalités et les folies de Mârouf avaient été poussées si loin, qu’un matin le trésor fut complètement épuisé, et qu’en ouvrant l’armoire aux sacs, le vizir constata qu’elle était absolument vide et qu’il n’y avait plus rien à y puiser. Alors, à la limite de la perplexité et plein, en son âme, de fureur rentrée, il alla se présenter entre les mains du roi, et lui dit : « Qu’Allah éloigne de nous les mauvaises nouvelles, ô roi ! Mais je dois te dire, afin de ne pas encourir, par mon silence, tes reproches justifiés, que le trésor du règne est complètement à sec, et que la merveilleuse caravane de l’émir Mârouf, ton gendre, n’est pas encore arrivée pour en remplir les sacs vides. » Et le roi, devenu, à ces paroles, quelque peu soucieux, dit : « Oui, par Allah ! c’est vrai, cette caravane est un peu en retard. Mais elle arrivera, inschallah ! » Et le vizir sourit, et dit : « Qu’Allah te comble de ses grâces, ô mon maître, et prolonge tes jours ! Mais nous sommes tombés dans les pires calamités depuis l’arrivée dans notre pays de l’émir Mârouf ! Et, en l’état actuel des choses, je ne vois pas pour nous de porte de sortie. Car, d’un côté, le trésor est vide, et, de l’autre, ta fille est devenue l’épouse de cet étranger, de cet inconnu ! Qu’Allah nous sauvegarde du Malin, l’Éloigné, le Maudit, le Lapidé ! Notre état est un bien mauvais état ! » Et le roi, qui commençait déjà à s’inquiéter et à s’impatienter, répondit : « Tes paroles me fatiguent et pèsent sur mon entende-