Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 16, trad Mardrus, 1904.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire du gâteau échevelé…
67

cesse fut, comme à l’ordinaire, à s’ébattre aux côtés de Mârouf, et qu’il s’ébattit à ses côtés, elle lui mit la main sous l’aisselle, pour l’interroger, et, plus douce que le miel, et câline et dorlotante et tendre et caressante comme toutes les femmes qui ont quelque chose à demander et à obtenir, elle lui dit : « Ô lumière de mon œil, ô fruit de mon foie, ô noyau de mon cœur et vie et délices de mon âme, les feux de ton amour ont entièrement embrasé mon sein. Et moi je suis prête à sacrifier ma vie pour toi et à partager ton sort, quel qu’il puisse être. Mais, par ma vie sur toi ! n’aie rien de caché pour la fille de ton oncle. Dis-moi donc de grâce, afin que je le garde au plus secret de mon cœur, pour quel motif cette grande caravane, dont s’entretient toujours mon père avec son vizir, n’est pas encore arrivée ? Et si tu as quelque embarras ou quelque doute à ce sujet, confie-toi à moi, en toute sincérité, et je m’emploierai à trouver le moyen d’éloigner de toi tout désagrément. » Et, ayant ainsi parlé, elle l’embrassa, et le serra contre sa poitrine, et se laissa fondre dans ses bras. Et Mârouf se mit soudain à rire aux éclats, et répondit : « Ô ma chérie, pourquoi prendre tant de détours pour me demander une chose aussi simple ? Car moi je suis disposé, sans aucune difficulté, à te dire la vérité, et à ne te rien cacher. »

Et il se tut un instant, pour avaler sa salive, et reprit : « Sache, en effet, ô ma chérie, que je ne suis ni marchand, ni maître de caravanes, ni possesseur d’aucune richesse ou autre semblable calamité. Car, dans mon pays, je n’étais qu’un pauvre savetier-raccommodeur, marié à une peste de femme appelée