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histoire du gâteau échevelé…
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— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA NEUF CENT SOIXANTE-SIXIÈME NUIT

Elle dit :

« … Voilà que tu es maintenant réduit à errer sur les routes, au lieu de te délecter dans les bras de ton épouse beurrée, dont les caresses t’avaient fait oublier la calamiteuse Bouse chaude, du Caire. » Et, songeant à tous les amoureux passés, qui avaient eu leur cœur brûlé par la séparation, il se prit à s’apitoyer sur son propre état et à pleurer à chaudes larmes, en se récitant des vers désespérés sur l’absence. Et, gémissant de la sorte et exhalant sa douleur d’amant par les tirades des vers analogues à sa situation, il arriva, après le lever du soleil, auprès d’un petit village. Et il aperçut dans un champ un fellah qui labourait avec une charrue attelée de deux bœufs. Et comme, dans sa hâte de fuir le palais et la ville, il avait oublié de se munir de provisions de bouche pour le voyage, il était torturé par la faim et la soif ; et il s’approcha de ce fellah, et le salua, disant ; « Le salam sur toi, ô cheikh ! » Et le fellah lui rendit son salut, disant : « Et sur toi le salam, la miséricorde d’Allah et Ses bénédictions ! Tu es sans doute, ô mon maître, un mamelouk d’entre les mamalik du sultan ? » Et Mârouf répondit : « Oui. » Et