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les mille nuits et une nuit

jeunes garçons d’une grande beauté, portant sur leurs têtes de vastes corbeilles. Et, après avoir embrassé la terre entre les mains de Mârouf charmé, ils se relevèrent, et, en un clin d’œil, ils transportèrent dehors, en plusieurs fournées, tous les trésors contenus dans les trois salles du souterrain. Et lorsqu’ils eurent fini ce travail, ils vinrent de nouveau présenter leurs hommages à Mârouf, de plus en plus charmé, et disparurent comme ils étaient venus.

Alors Mârouf, à la limite du contentement, se tourna vers l’habitant de la cornaline, et lui dit : « C’est parfait. Mais je voudrais maintenant des caisses, des mules avec leurs muletiers, et des chameaux avec leurs chameliers, pour transporter ces trésors à la ville de Khaïtân, capitale du royaume de Sohatân. » Et l’esclave enfermé dans le chaton répondit : « À tes ordres ! rien n’est plus aisé à se procurer. » Et il poussa un grand cri, et, à l’instant même, mules et muletiers, chameaux et chameliers, caisses et paniers, et mamalik somptueusement vêtus, beaux comme des lunes, apparurent devant Mârouf, au nombre de six cents de chaque espèce. Et, en moins de temps qu’il n’en faut pour fermer un œil et l’ouvrir, ils chargèrent sur les bêtes les caisses et paniers, remplis au préalable d’or et de joyaux, et se rangèrent en bon ordre. Et les jeunes mamalik montèrent sur leurs beaux chevaux et encadrèrent, de distance en distance, la caravane.

Et l’ancien savetier dit alors à son serviteur de l’anneau : « Ô Père au Bonheur, je désire maintenant de toi un millier d’autres animaux chargés de