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histoire du gâteau échevelé…
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soieries et d’étoffes précieuses de la Syrie, de l’Égypte, de la Grèce, de la Perse, de l’Inde et de la Chine. » Et le genni répondit par l’ouïe et l’obéissance. Et, aussitôt, les mille chameaux et mulets chargés des objets en question apparurent devant Mârouf, et allèrent se ranger d’eux-mêmes, en file régulière, à la suite du convoi, encadrés, comme leurs semblables, par d’autres jeunes mamalik aussi superbement vêtus et montés que leurs frères. Et Mârouf fut content, et dit à l’habitant de l’anneau : « Maintenant, avant de partir, je désire manger. Dresse-moi donc un pavillon de soie, et sers-moi des plateaux de mets choisis et de boissons fraîches. » Et cela fut exécuté sur-le-champ.

Et Mârouf entra dans le pavillon et s’assit devant les plateaux, juste au moment où le bon fellah revenait du village. Et le pauvre arriva, portant sur sa tête une écuelle de bois remplie de lentilles à l’huile, sous son bras gauche du pain noir et des oignons, et sous son bras droit un sac à picotin rempli d’avoine pour le cheval. Et il vit, devant sa maison, la prodigieuse caravane, et le pavillon de soie où était assis Mârouf entouré par des esclaves empressés qui le servaient, tandis que d’autres esclaves se tenaient derrière lui, les bras croisés sur la poitrine. Et il fut extrêmement ému, et pensa : « Sûrement, le sultan, qui s’était fait précéder par le premier mamelouk que j’ai vu, est arrivé ici, pendant mon absence ! Quel dommage que je n’aie pas pensé à égorger mes deux poules et à les lui préparer au beurre de vache. » Et il résolut tout de même de le faire, bien qu’il fût en retard, et se dirigea vers ses deux poules