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les mille nuits et une nuit

Et lorsqu’on eut fini de manger, on remercia le Rétributeur pour ses bienfaits ; et Mârouf se leva et, prenant le fellah par la main, il le conduisit hors du pavillon vers la caravane. Et il l’obligea à choisir, de chaque variété de marchandise et de ballot, une paire de chameaux et une paire de mulets. Puis il lui dit : « Cela devient ta propriété, ô mon frère. Et je te laisse, en outre, ce pavillon avec tout ce qu’il contient. » Et, sans vouloir écouter ses refus ni l’expression de sa gratitude, il prit congé de lui, en l’embrassant encore une fois, remonta sur son cheval, se mit à la tête de la caravane, et, se faisant précéder dans la ville par un courrier plus rapide que l’éclair, chargé d’annoncer son arrivée au roi, il s’en alla en sa voie.

Or, le courrier de Mârouf arriva au palais, juste au moment où le vizir disait au roi : « Dissipe ton erreur, ô mon maître, et n’ajoute pas foi aux paroles de la princesse, ta fille, concernant le départ de son époux. Car, par la vie de ta tête ! l’émir Mârouf est parti d’ici en fugitif, craignant ton juste ressentiment, et non point pour aller hâter l’arrivée d’une caravane qui n’existe pas. Par les jours sacrés de ta vie, cet homme n’est qu’un menteur, un fourbe et un imposteur ! » Et, comme le roi, déjà à moitié persuadé par ces paroles, ouvrait la bouche pour faire la réponse qu’il fallait, le courrier entra et, après s’être prosterné, lui annonça l’arrivée imminente de Mârouf, en disant : « Ô roi du temps, je viens vers toi comme annonciateur. Et je t’apporte la bonne nouvelle de l’arrivée, derrière moi, de mon maître l’émir puissant et généreux, le héros insigne, Mârouf,