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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 16, trad Mardrus, 1904.djvu/94

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les mille nuits et une nuit

« Certes ! je veux garder cette belle robe et ces parures pour les jours de fête seulement ! » Et Mârouf sourit et lui dit : « Ô ma chérie, ne te préoccupe pas de cela ! Tous les jours je te donnerai de nouvelles robes et de nouvelles parures, tant que tes armoires ne seront pas débordées et que tes coffres ne seront pas remplis jusqu’aux bords. » Et, là-dessus, ils firent leur chose ordinaire jusqu’au matin.

Or, il n’était pas encore sorti de la moustiquaire, qu’il entendit la voix du roi qui demandait à entrer. Et il se hâta d’aller lui ouvrir, et le vit bouleversé et le visage jaune et l’aspect terrifié. Et il le fit entrer avec précaution, et s’asseoir sur le divan ; et la princesse se leva, tout émue de cette visite inattendue et de l’air de son père, et se hâta de l’asperger d’eau de roses pour calmer son état et lui faire recouvrer la parole. Et lorsqu’il put enfin s’exprimer, il dit à Mârouf : « Ô mon fils, je suis porteur, hélas ! de mauvaises nouvelles ! mais il faut que je te les dise, pour que tu sois averti du malheur qui t’arrive. Ah ! faut-il ou ne faut-il pas ? » Et Mârouf répondit : « Il faut, certainement ! » Et le roi dit : « Eh bien, sache, ô mon enfant, que mes serviteurs et mes gardes, à la limite de la perplexité, sont venus m’annoncer, il y a un moment, que tes deux mille mamalik, caravaniers, chameaux et mulets ont disparu cette nuit, sans que personne ait su par quel chemin ils étaient partis, ni découvert la moindre trace de leur marche. Un oiseau qui s’envole d’une branche laisse plus de trace que toute cette caravane n’en a laissé sur nos chemins. Or, comme cette perte est pour toi une perte sans re-