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histoire du gâteau échevelé…
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cours, j’ai été tellement frappé que j’en suis encore tout étourdi. »

Et Mârouf, ayant entendu ces paroles du roi, se mit à rire soudain, et répondit : « Ô oncle, calme ton esprit. Car la perte ou la disparition de mes caravaniers et de mes animaux n’est pas plus importante pour moi que la perte d’une goutte d’eau de la mer. Car, aujourd’hui, comme demain et comme après-demain et les autres jours, je pourrai, sur un simple souhait, avoir plus de caravaniers et de bêtes de somme avec leur charge que n’en peut contenir toute la ville de Khaïtân. Tu peux donc tranquilliser ton âme, et nous laisser maintenant nous lever pour aller au hammam du matin. »

Et le roi, plus stupéfait qu’il ne l’avait jamais été, sortit de chez Mârouf, et alla appeler son vizir, et lui raconta ce qui venait de se passer, et lui dit : « Eh bien ! que penses-tu cette fois de la puissance incompréhensible de mon gendre ? » Et le vizir, qui n’oubliait pas les humiliations subies depuis que Mârouf était apparu sur son chemin, se dit : « Voici l’occasion de me venger de ce maudit ! » Et il dit au roi, d’un air soumis : « Ô roi du temps, mon avis ne peut t’être d’aucune lumière. Mais puisque tu me le demandes, je te dirai que le seul moyen pour toi de savoir à quoi t’en tenir sur la puissance mystérieuse de ton gendre, l’émir Mârouf, est de te réunir avec lui pour boire, et de l’enivrer. Et lorsque le ferment aura fait danser sa raison, tu l’interrogeras avec prudence sur son état ; et il te répondra certainement, sans te rien cacher de la vérité. » Et le roi dit : « C’est là une idée excellente, ô vizir,