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les mille nuits et une nuit

et je vais la mettre à exécution dès ce soir. » Et donc, quand vint le soir, le roi se réunit avec son gendre Mârouf et son vizir, devant les plateaux des boissons. Et les coupes circulèrent. Et le gosier de Mârouf fut une gargoulette sans fond. Et son état devint un pitoyable état. Et sa langue se mit à tourner comme l’aile du moulin…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA NEUF CENT SOIXANTE-DIXIÈME NUIT

Elle dit :

… Et le gosier de Mârouf fut une gargoulette sans fond. Et son état devint un pitoyable état. Et sa langue se mit à tourner comme l’aile du moulin. Et lorsqu’il ne sut plus distinguer sa main droite de sa main gauche, le roi, père de son épouse, lui dit : « En vérité, ô notre gendre, tu ne m’as jamais raconté les aventures de ta vie qui a dû être une vie merveilleuse et extraordinaire. Et je serais bien aise de t’entendre, ce soir, m’en narrer les péripéties étonnantes. » Et Mârouf, qui était sens dessus dessous et sens devant derrière, se laissa aller, dans son ivresse, comme tous les gens ivres qui aiment la vantardise, à raconter au roi et au vizir toute son histoire, depuis le commencement jusqu’à la fin, à partir du