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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/109

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histoire du bossu… (le barbier)
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Puis le barbier, sans me donner le temps de faire un signe de protestation, imita toutes les danses de ses amis, et chanta toutes leurs chansons. Puis il me dit : « Voici ce que peuvent faire mes amis à moi. Si donc tu voulais bien rire, je te conseille dans ton intérêt et pour notre plaisir à tous, de venir chez moi faire partie de notre compagnie, et de laisser là les amis chez lesquels tu m’as dit avoir l’intention de te rendre. Car je vois que tu as encore sur la figure des traces de fatigue, et tu relèves de maladie ; et il est possible que tu rencontres parmi les amis des individus amateurs de vains discours et ennuyeux parleurs et indiscrets curieux ; et ils te feront retomber dans une maladie bien plus grave que la première ! »

Alors je dis au barbier : « Pour aujourd’hui il ne m’est guère possible d’accepter ton invitation, mais ce sera pour un autre jour ! » Il me répondit : « La chose qui est la plus avantageuse pour toi, je te le répète, est de hâter le moment de la visite chez moi, et de venir sans retard goûter toute l’urbanité de mes amis et profiter de leurs admirables qualités. Et ainsi tu agiras selon le dire du poète :

« Ami, ne diffère jamais de profiter de la jouissance qui s’offre, et ne remets jamais au lendemain la volupté qui passe ! Car la volupté ne passe pas tous les jours et la jouissance à tes lèvres tous les jours n’offre point ses lèvres. Sache que la fortune est femme et, comme la femme, varie ! »

Alors, devant toutes ces harangues et tous ces ba-