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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/110

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les mille nuits et une nuit

vardages, je ne pus m’empêcher de rire mais, avec le cœur tout bourré de pesante fureur ; puis je lui dis : « Maintenant je t’ordonne de terminer l’opération pour laquelle je t’ai fait venir, et de me laisser m’en aller sur la voie d’Allah et sous sa sainte protection ; et de ton côté tu t’en iras retrouver tes amis qui, à l’heure actuelle, doivent t’attendre avec impatience ! » Il me répondit : « Mais pourquoi refuses-tu ? En vérité, je ne te demande qu’une chose : me laisser te faire faire la connaissance de mes amis, ces délicieux compagnons, qui sont loin d’être des gens indiscrets, car je t’assure qu’une fois que tu les auras vus tu ne voudras plus en fréquenter d’autres, et tu délaisseras tes amis de l’heure actuelle ! » Je lui dis : « Qu’Allah augmente encore davantage le bonheur que tu éprouves de leur amitié ! Et, d’ailleurs, je te promets qu’un jour je les inviterai moi-même à venir à un festin que je donnerai spécialement pour eux ! »

Alors ce maudit barbier consentit à être de mon avis, mais me dit : « Du moment que je vois que tu préfères tout de même pour aujourd’hui le festin de tes amis et leur société à la société de mes amis, aie donc assez de patience pour attendre que je coure porter chez moi tous ces vivres que je dois à ta générosité ; je les mettrai sur la nappe devant mes invités, et, comme mes amis n’auront point la sottise de se scandaliser si je les laisse seuls faire honneur à ma nappe, je leur dirai de n’avoir ni à compter sur moi ni à attendre mon retour ; et tout de suite je reviendrai te rejoindre, et je t’accompagnerai où que tu désires aller ! » —