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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/128

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les mille nuits et une nuit

cher de l’esclave blanche, elle lui dit : « Non, non ! pas ce soir ! » Et il ne put, malgré tout son désir, prendre même un baiser de la jolie esclave.

Or, pour l’occasion, comme Bacbouk logeait d’ordinaire dans la boutique, on lui dit de dormir, ce soir-là, dans le moulin situé dans le bas de la maison pour qu’ils eussent plus de place, lui et sa nouvelle épouse. Et, après le refus de copulation de l’esclave qui était remontée chez sa maîtresse, Bacbouk fut obligé de se coucher tout seul. Mais, le matin, à l’aube, comme il dormait encore, soudain entra le meunier, qui disait à voix haute : « Ce bœuf ! il y a déjà quelque temps qu’il est au repos. Aussi je vais tout de suite l’atteler au moulin pour lui faire moudre le blé qui s’amasse en quantité considérable ! Les clients attendent que je leur livre la farine. » Il s’approcha alors de mon frère en faisant semblant de le prendre pour le bœuf, et lui dit : « Allons ! paresseux, lève-toi que je t’attelle ! » Et mon frère Bacbouk ne voulut point parler et se laissa prendre et atteler au moulin. Le meunier l’attacha par le milieu du corps au mât du moulin et, lui assénant un grand coup de fouet, lui cria : « Yallah ! » Lorsqu’il eut reçu le coup, Bacbouk ne put s’empêcher de beugler comme un bœuf. Et le meunier continua à lui donner de grands coups de fouet et à lui faire tourner le moulin pendant longtemps ; et mon frère beuglait absolument comme un bœuf et reniflait sous les coups.

Mais bientôt vint le propriétaire qui le vit, dans cet état, en train de tourner le moulin et de recevoir les coups. Et il alla aussitôt prévenir son épouse qui