Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/13

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rons dans la maison de notre voisin le musulman. Car tu sais que notre voisin est l’intendant pourvoyeur de la cuisine du sultan, et que sa maison est infestée par les rats, les chats et les chiens qui descendent chez lui par la terrasse pour faire des dégâts et manger les provisions de beurre, de graisse, d’huile et de farine. Aussi ces animaux ne manqueront pas aussi de manger ce corps mort et de le faire disparaître. »

Alors le médecin juif et sa femme prirent le bossu, montèrent sur leur terrasse, et de là ils firent descendre doucement le corps dans la maison de l’intendant, et l’appliquèrent debout contre le mur de la cuisine. Puis ils s’en allèrent et redescendirent tranquillement chez eux.

Or, il y avait à peine quelques instants que le bossu était ainsi appliqué debout contre le mur que l’intendant, qui s’était absenté, revint à la maison, ouvrit la porte, alluma une chandelle et entra. Et il trouva un fils d’Adam debout dans un coin contre le mur de la cuisine. Et l’intendant, fort surpris, s’écria : « Qu’est cela ? Par Allah ! je vois maintenant que le voleur habituel de mes provisions est un homme, et non point un animal ! C’est lui qui me dérobe la viande et les graisses, que j’enferme pourtant soigneusement par crainte des chats et des chiens ! Aussi je constate qu’il aurait été bien inutile de tuer, comme je pensais à le faire, tous les chats et tous les chiens du quartier, puisque cet individu-là est seul à descendre ici par la terrasse ! » Et aussitôt l’intendant prit un énorme gourdin, courut à l’homme, l’en frappa violemment, le fit tomber et