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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/188

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les mille nuits et une nuit

grande hâte à te raconter, en peu de mots, l’histoire de mes six frères, quoique j’eusse pu te la raconter bien plus longuement. Mais j’ai préféré m’en abstenir pour ne point abuser de ta patience, pour te montrer combien je suis peu porté au bavardage, et pour te prouver que je suis, non seulement le frère, mais le père de mes frères, dont, d’ailleurs, le mérite disparaît quand je suis là, moi que l’on appelle El-Sâmet ! »


— À cette histoire, continua le barbier aux invités, que je racontai au khalifat Montasser Billah, le khalifat se mit à rire extrêmement et me dit : « En vérité, ô Sâmet, tu parles fort peu, et tu es loin d’être affligé d’indiscrétion, de curiosité et de mauvaises qualités ! Mais, et j’ai des raisons pour cela, je veux que sur l’heure tu abandonnes Baghdad et que tu t’en ailles ailleurs. Mais hâte-toi surtout ! » Et le khalifat m’exila ainsi, injustement et sans me dire le motif d’une telle punition.

Alors, moi, ô mes maîtres, je ne cessai de voyager par tous les pays et par tous les climats, jusqu’à ce que j’eusse appris la mort de Montasser Billah et le règne de son successeur le khalifat El-Mostasem. Je revins alors à Baghdad ; mais je trouvai que tous mes frères étaient morts. Et c’est alors que le jeune homme, qui vient de nous quitter si malhonnêtement, m’a appelé chez lui pour se faire raser la tête. Et, contrairement à ce qu’il a dit, je vous assure, ô mes maîtres, que je ne lui ai fait que le plus grand bien, et probablement que, sans le secours que je lui ai