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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/189

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histoire du bossu… (le barbier)
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porté, il aurait été tué par ordre du kâdi, père de l’adolescente. Aussi tout ce qu’il a raconté sur mon compte est calomnie, et tout ce qu’il vous a rapporté de moi sur ma prétendue curiosité, mon indiscrétion, mon verbiage, mon caractère grossier et mon manque de tact et de goût est absolument faux, mensonger et imaginaire, ô vous tous, les assistants ! »


— Telle est, ô Roi fortuné, continua Schahrazade, l’histoire en sept parties que le Tailleur de la Chine raconta au roi. Puis il ajouta :

« Quand le barbier El-Sâmet eut achevé cette histoire, nous tous, les invités, nous n’eûmes pas besoin d’en entendre davantage pour nous convaincre que ce barbier étonnant était réellement le plus extraordinaire des bavards et le plus indiscret des barbiers qui se soient vus sur toute la surface de la terre. Et nous fûmes persuadés, sans autre preuve que ce que nous venions d’entendre, que le jeune boiteux de Baghdad avait été la victime de l’indiscrétion insupportable de ce barbier. Alors, quoique toutes ses histoires nous eussent grandement amusés, nous jugeâmes qu’il fallait tout de même le punir. Nous nous saisîmes de lui, malgré ses cris, et nous l’enfermâmes seul dans une chambre obscure habitée par les rats. Et, nous autres, les invités, nous continuâmes notre festin et à manger, à boire et à nous réjouir jusqu’à l’heure de la prière de l’asr.