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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/225

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histoire de douce-amie et d’ali-nour
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durant l’espace d’une année entière ; et le matin il donnait un festin à tous ses amis et le soir il leur donnait un autre festin, toujours au son des instruments, et il faisait venir les meilleurs chanteurs et les danseuses les plus illustres.

Quant à sa femme, Douce-Amie, elle n’était plus écoutée comme avant, et même, depuis quelque temps, Ali-Nour la négligeait un peu ; et elle ne se plaignait jamais, mais se consolait dans la poésie et les livres qu’elle lisait. Et un jour qu’Ali-Nour était entré dans son appartement réservé, elle lui dit : « Ô Nour, lumière de mes yeux, écoute ces deux strophes du poète :

» Certes ! plus on fait le bien, plus on pose de jalons pour se rendre heureuse la vie ! Mais crains aussi les coups aveugles du Destin !

La nuit est faite pour le sommeil et le repos ; la nuit, c’est le salut de l’âme ; mais toi, tu t’es jeté tête baissée dans la dépense de ces heures reposantes ! Aussi ne t’étonne point si, au matin, le malheur sur toi vient à fondre soudain. »

À peine Douce-Amie eut-elle fini de réciter ces vers que l’on entendit des coups frappés à la porte extérieure. Et Ali-Nour sortit de l’appartement de sa femme et alla ouvrir ; et c’était justement l’intendant. Ali-Nour le conduisit dans une chambre près de la salle de réunion où, en ce moment, il y avait plusieurs des amis habituels, qui ne le quittaient presque plus. Et Ali-Nour dit à son intendant : « Qu’y a-t-il donc, que tu aies ainsi cette figure de