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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/226

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les mille nuits et une nuit

travers ? » L’intendant répondit : « Ô mon maître, ce que je redoutais tant pour toi est arrivé ! » Il dit : « Et comment cela ? » il répondit : « Sache que mon rôle est fini, puisque je n’ai plus rien sous la main à gérer, t’appartenant. Et tu n’as plus quoi que ce soit en propriétés ou autres choses qui vaille une obole ou même moins qu’une obole. Et voici que je t’apporte les cahiers des dépenses que tu as faites et les cahiers de ton capital. » En entendant ces paroles, Ali-Nour ne put que baisser la tête, et dit : « Allah est le seul fort, le seul puissant ! »

Or, justement l’un des amis assemblés dans la salle de réunion entendit cette conversation, et se hâta d’aller immédiatement la rapporter aux autres, et leur dit : « Écoutez la nouvelle ! voici qu’Ali-Nour n’a plus une obole qui vaille ! » Et au moment même entra Ali-Nour qui avait, comme pour confirmer la vérité de cette nouvelle, la figure toute changée et l’air fort tourmenté.

À cette vue, l’un des convives se leva, se tourna vers Ali-Nour et lui dit : « Ô mon maître, je voudrais te demander la permission de me retirer, car ma femme va accoucher cette nuit même, et je ne puis vraiment la délaisser. Il faut donc que j’aille la retrouver au plus vite ! » Et Ali-Nour le lui permit. Alors se leva un second, qui dit : « Ô mon maître Ali-Nour, il faut absolument que je me rende aujourd’hui même chez mon frère qui fait célébrer les cérémonies de la circoncision de son enfant ! » Et Ali-Nour le lui permit. Puis chacun des convives se leva a son tour et trouva un expédient pour se retirer, et cela jusqu’au dernier, de telle sorte qu’Ali--