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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/230

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les mille nuits et une nuit

core plus élevé que la première fois. Quant à notre séparation, tu sais bien que, si Allah a écrit que nous devons un jour nous retrouver, nous nous retrouverons ! » Ali-Nour lui répondit : « Ô Douce-Amie, jamais je ne consentirai à me séparer de toi, fût-ce une heure seulement ! » Elle lui répondit : « Ni moi non plus, ô mon maître Ali-Nour ! Mais la nécessité est souvent loi, comme dit le poète :

« Ne crains point de tout faire, si t’y obligé la nécessité ! Et ne recule devant rien, si ce n’est devant la limite de la bienséance !

Et ne te préoccupe de rien sans motif sérieux ; et bien rares sont les choses affligeantes dont le motif soit sérieux ! »

À ces vers, Ali-Nour prit Douce-Amie dans ses bras, l’embrassa dans les cheveux et, les larmes sur les joues, il récita ces deux strophes :

« Arrête-toi, de grâce ! et laisse-moi dans tes yeux cueillir un regard, un seul regard pour toute provision de route ; et mon cœur abîmé s’en servira comme remède dans la séparation meurtrière.

Mais si cela même te semble une demande exagérée, abstiens-toi et laisse-moi à ma tristesse solitaire et à ma douleur ! »

Alors Douce-Amie se mit à parler à Ali-Nour et avec des paroles si douces, qu’elle le décida à prendre le parti qu’elle venait de lui proposer, en lui démontrant qu’il n’avait que ce seul moyen d’éviter,