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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/229

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histoire de douce-amie et d’ali-nour
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morceau de pain. Alors il ne put que se réciter ces stances :

« L’homme prospère est comme l’arbre : les gens l’entourent tant qu’il est couvert de fruits ;

Mais sitôt les fruits tombés, les gens se dispersent à la recherche d’un arbre meilleur.

Tous les fils de ce temps sont frappés de la même maladie ; car je n’en ai point rencontré un seul qui fût à l’abri de la contagion. »

Après quoi, il fut bien obligé d’aller dire à Douce-Amie, avec un front fort soucieux : « Par Allah ! pas un d’eux n’a voulu se montrer ! » Elle lui répondit : « Ô mon maître, ne t’avais-je pas dit qu’ils ne t’aideraient en rien ? Maintenant je te conseille simplement de commencer par vendre petit à petit les meubles et les objets précieux que nous avons à la maison. Et cela nous permettra de vivre encore quelque temps. » Et Ali-Nour fit ce que Douce-Amie lui avait conseillé. Mais, au bout d’un certain temps, il ne resta plus rien à vendre dans la maison. Alors Douce-Amie prit Ali-Nour qui pleurait et lui dit : « Ô mon maître, pourquoi pleures-tu ? ne suis-je pas encore là moi-même ? Et ne suis-je donc pas toujours la même Douce-Amie que tu dis la plus belle d’entre les femmes des Arabes ? Prends-moi donc et conduis-moi au souk des esclave ? et vends-moi ! As-tu donc oublié que j’ai été achetée dix mille dinars d’or par ton défunt père ? J’espère donc qu’Allah t’aidera dans cette vente et te la rendra fructueuse, et fera que je sois vendue à un prix en-