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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/317

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histoire de ghanem et de fetnah
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Nous arrivâmes bientôt dans la rue où habitait mon maître ; et il constata que sa maison n’était plus qu’un monceau de ruines, et il apprit que c’était moi qui avais le plus contribué à la destruction et qui avais cassé les choses qui valaient beaucoup d’argent car son épouse lui dit : « C’est Kâfour qui a cassé les meubles et les vases et les porcelaines, et qui a tout saccagé ! » Et la fureur de mon maître ne fit qu’en augmenter ; et il dit : « De ma vie je n’ai vu un fils de putain, un adultérin comme ce misérable nègre ! Et il prétend que tout cela n’est qu’un demi-mensonge ! Que serait-ce alors si c’était un mensonge complet ? Dans ce cas, ce serait la destruction, au moins, de toute une ville ou de deux villes ! » Là-dessus, il m’emmena de force chez le wali, qui me fit appliquer une bastonnade soignée et telle que je perdis connaissance et tombai évanoui.

Comme j’étais dans cet état, on fit venir un barbier avec ses instruments, qui me châtra complètement et cautérisa ensuite ma blessure au fer chaud. Et, à mon réveil, je constatai que je n’avais plus d’œufs et que j’étais devenu eunuque pour le reste de ma vie. Alors mon maître me dit : « De même que tu as brûlé mon cœur en essayant de lui ravir ce qu’il avait de plus cher, de même, à mon tour, je te brûle le cœur en le ravissant ce que tu as de plus cher ! » Puis il me prit avec lui au souk et me vendit pour un prix bien plus fort que celui qu’il avait payé, vu que j’étais devenu plus cher, parce que devenu eunuque.

Depuis lors, je ne cessai de jeter la discorde et le trouble dans toutes les maisons qui me prirent comme