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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/34

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je ne goûte plus le repos du sommeil, et je ne mange ni ne bois ! » Et je lui répondis : « Et moi aussi, c’est bien la même chose ! Mais mon bonheur présent me défend toute plainte. » Elle me dit : « Mon chéri, dis-moi ! faut-il que j’aille chez toi, ou bien, toi, viendras-tu dans ma maison ? » Je lui dis : « Je suis un homme étranger ; et je n’ai d’autre habitation que le khân, qui est vraiment un endroit trop fréquenté ! Aussi, si tu as assez de confiance en mon amitié pour m’accepter chez toi, mon bonheur sera à son comble ». Elle me répondit : «  Certainement ! mais cette nuit, c’est la nuit du vendredi, et on ne peut vraiment !… Mais demain, après la prière de midi, monte sur ton âne et informe-toi du quartier Habbaniat ; et, lorsque tu y seras arrivé, tu demanderas où se trouve la demeure de Barakat, l’ancien gouverneur, connu sous le nom d’Aby-Schâma. C’est là même que j’habite. Et surtout ne manque pas d’y venir, car je serai là à t’attendre. »

« Alors moi, je fus dans une joie extrême ; puis nous nous séparâmes. Et moi, je revins au khân Serour, où j’habitais, et je passai toute la nuit sans pouvoir dormir. Mais au point du jour, je me hâtai de me lever, et je changeai de vêtements ; je me parfumai avec les odeurs les plus suaves, et je me munis de cinquante dinars d’or que je mis dans un mouchoir ; et je sortis du khân Serour et je me dirigeai vers l’endroit nommé Bab-Zaouïlat ; là je louai un âne et je dis à l’ânier : « Allons au quartier de Habbaniat ! » Et aussitôt, en moins d’un clin d’œil, il m’y conduisit ; et nous arrivâmes dans une rue appelée Darb Al-Mônkari ; et je dis à l’â-