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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/57

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cente viendrait me payer. Puis je rentrai chez moi enivré d’amour. Et on m’apporta le dîner ; mais je le touchai à peine, car j’étais tout à la pensée de sa beauté et de ses charmes. Et lorsque je voulus m’endormir, je n’eus aucun sommeil.

« Et je restai en cet état durant une semaine, au bout de laquelle les marchands vinrent me réclamer l’argent ; mais, comme je n’avais pas encore eu de nouvelles de la dame, je les priai de patienter un peu et de m’accorder encore un crédit d’une semaine. Et ils y consentirent. En effet, au bout de la semaine, je la vis arriver un matin de bonne heure, montée sur sa mule ; et elle était accompagnée d’un serviteur et de deux eunuques. Elle me salua et dit : « Ô mon maître, excuse-nous d’avoir ainsi différé un peu trop de venir te payer. Mais voici l’argent. Fais venir un changeur pour vérifier les pièces d’or et toucher l’argent. » Et je fis venir le changeur ; et un des eunuques lui remit l’argent, qu’il contrôla et trouva de bonne nature. Alors je pris l’argent ; puis je me mis à causer avec l’adolescente jusqu’à ce que le souk fût ouvert et que les marchands fussent venus dans leurs boutiques. Alors elle me dit : « J’ai encore besoin de telle et telle chose. Va donc me les acheter. » Et je lui achetai, à mon compte, tout ce qu’elle avait demandé, et je le lui remis. Et elle le prit et s’en alla sans me dire quoi que ce soit au sujet de l’argent qu’elle me devait. Alors moi, quand je la vis s’éloigner, je me repentis d’avoir ainsi agi avec trop de confiance, car l’achat m’avait coûté mille dinars d’or. Et lorsque je l’eus perdue de vue, je dis en mon âme : « Je ne comprends plus rien à