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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/64

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les mille nuits et une nuit

vers nous de tous côtés les suivantes, pendant que, moi, j’étais tout tremblant d’émotion et ne savais guère quel était le motif de tout cela. Et les suivantes dirent : « Ô notre sœur, que t’arrive-t-il ? » Elle leur dit : « Oh ! débarrassez-moi vite de cet homme stupide que j’avais cru être un homme doué de bonnes manières ! » Et je lui dis : « Et qu’as-tu donc constaté de ma stupidité ou de ma folie ? » Elle dit : « Insensé que tu es ! Pourquoi donc as-tu mangé de la rozbaja et ne t’es-tu pas ensuite lavé les mains ! Et moi, maintenant, par Allah, je ne veux plus de toi, à cause de ton peu de jugement et de ton action mauvaise et criminelle ! » À ces paroles, elle saisit un fouet qui était près d’elle et me tomba sur le dos à grands coups, ainsi que sur les fesses, et tellement fort et si longtemps qu’à force de recevoir des coups, je perdis toute connaissance. Alors elle s’arrêta et dit aux suivantes : « Prenez-le et conduisez-le chez le gouverneur de la ville pour qu’il lui fasse couper la main dont il s’est servi pour manger la rozbaja, cette main qu’il n’a pas ensuite lavée ! » Mais moi, je revins à moi lorsque j’entendis ces paroles et je m’écriai : « Il n’y a de recours et de force, qu’en Allah le Tout-Puissant ! Est-ce parce que j’ai mangé de la rozbaja sans me laver la main que cette main doit être coupée ? A-t-on jamais vu une chose pareille ? » Alors les suivantes se mirent à intercéder pour moi auprès d’elle et lui dirent : « Ô notre sœur, ne le châtie pas cette fois-ci pour son action ! De grâce, pardonne-lui ! » Alors elle dit : « Soit, je ne lui ferai pas couper la main cette fois ; mais il me faut tout de même lui couper quelque chose d’entre ses