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les mille nuits et une nuit

et le chef des courtiers. Et le propriétaire me dit : « Je dois te dire que le wali a mis le gouverneur général au courant du vol de ce collier. Et maintenant il ressort de tout cela que ce collier appartenait en réalité, non point à ce chef des courtiers, mais au gouverneur général lui-même, ou plutôt à l’une de ses filles, qui a disparu, elle aussi, voilà bientôt trois ans ! Et l’on vient pour se saisir de toi ! »

« À ces paroles, toutes mes jointures se mirent à trembler et tous mes membres aussi, et je pensai : « Maintenant, sans recours désormais, on va sûrement me mettre à mort. Il vaut mieux que je dise toute la vérité au gouverneur général. Et lui seul sera juge de ma mort ou de ma vie. » Mais déjà j’étais saisi et garrotté et traduit, la chaîne au cou, devant le gouverneur entre les mains duquel on me laissa, moi et le chef des courtiers. Et le gouverneur dit à ses gens, en me regardant : « Ce jeune homme que vous m’amenez n’est point un voleur, et sa main a été coupée injustement, j’en suis sûr ! Quant à ce chef des courtiers, c’est un menteur et un accusateur à faux ! Saisissez-vous donc de lui et jetez-le dans le cachot ! » Puis le gouverneur dit à ce chef courtier : « Tu vas tout de suite dédommager ce jeune homme pour sa main coupée, sinon je te ferai pendre et je confisquerai tous tes biens et toutes tes richesses, ô courtier de malédiction ! » Et il s’écria, en s’adressant aux gardes : « Emmenez-le de devant ma face, et sortez-tous ! » Et alors il ne resta plus dans la salle que le gouverneur et moi. Mais je n’avais plus ni le carcan au cou ni les bras liés.

« Lorsque nous fûmes ainsi seuls, le gouverneur