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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/83

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histoire du bossu… (le médecin)
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me regarda avec une grande pitié et me dit : « Mon enfant, tu vas maintenant me parler avec franchise et me dire toute la vérité sans me rien cacher. Raconte-moi donc comment ce collier est parvenu entre tes mains. » Je lui répondis : « Ô mon maître et suzerain, je vous dirai la vérité ! » Et alors je lui racontai tout ce qui m’était arrivé avec la première adolescente, comment elle m’avait procuré et avait amené chez moi la deuxième adolescente, et comment ensuite, prise de jalousie, elle avait sacrifié sa compagne. Et je lui narrai la chose dans tous ses détails.

« En entendant mes paroles, le gouverneur, de douleur et d’affliction, inclina la tête sur sa poitrine, se couvrit la figure de son mouchoir et se mit à longtemps pleurer. Puis il se rapprocha de moi et me dit :

« Sache donc, ô mon enfant, que la première adolescente est ma fille aînée. Dès son enfance elle fut pleine de perversité, et fut, pour cette raison, tenue par moi avec une grande sévérité. Mais, à peine fut-elle pubère, que je me hâtai de la marier, et, dans ce but, je l’envoyai au Caire chez son oncle, mon frère, pour l’unir à l’un de mes neveux, son propre cousin. Elle se maria donc ; mais, peu de temps après, son époux mourut, et elle me revint et réintégra ma maison. Mais elle n’avait pas manqué de profiter de son séjour en Égypte pour apprendre des Égyptiennes tous les vices, toutes les corruptions et tous les genres de libertinage. Et tu sais, puisque tu as été en Égypte, combien expertes dans la débauche sont les femmes de ce pays. Les