Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/93

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histoire du bossu… (le barbier)
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Cependant la vieille femme, comme elle me l’avait promis, au bout de quelques jours revint chez moi, et son visage était éclairé, et elle me dit en souriant : « Allons ! mon enfant, donne-moi la gratification de ma bonne nouvelle ! » À ces paroles, je sentis de joie mon âme revenir dans mon corps, et je dis à la vieille : « Certes, ma bonne mère, je te suis redevable de tout bienfait ! » Alors elle me dit : « Je suis retournée hier chez l’adolescente en question ; lorsqu’elle vit que j’avais l’air tout à fait humble et abattu, et les yeux tout en larmes, elle me dit : « Ma pauvre tante, je te vois la poitrine bien oppressée ! Qu’as-tu donc ? » Alors je me mis à pleurer encore davantage et je lui dis : « Ô ma fille et ma maîtresse, ne te rappelles-tu point que je suis venue te parler d’un jeune homme passionnément épris de tes charmes ? Eh bien ! aujourd’hui ce jeune homme est juste sur le point de mourir à cause de toi. » Elle me répondit, avec le cœur pris de compassion et adouci extrêmement : « Mais qui est donc exactement ce jeune homme dont tu me parles ? » Je lui dis : « C’est mon propre fils, le fruit de mes entrailles. Il t’a vue, il y a quelques jours, à ta croisée, au moment où tu arrosais les fleurs, et il a pu voir un instant les traits de ton visage, et aussitôt, lui qui, jusqu’à ce jour, se refusait à voir n’importe quelle femme et avait horreur du commerce des femmes, s’est senti éperdu d’amour pour toi. Aussi lorsque, il y a quelques jours, je lui annonçai le mauvais accueil que tu m’avais fait, il retomba encore dans un état pire de maladie. Et maintenant je viens de le laisser étendu sur les