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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 2, trad Mardrus, 1916.djvu/94

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les mille nuits et une nuit

coussins du lit, prêt à rendre son dernier souffle à son Créateur ! Et je pense même qu’il n’y a plus aucun espoir de le sauver ! » À ces paroles, l’adolescente devint toute pâle et me dit : « Et tout cela à cause de moi ? » Je répondis : « Mais oui, par Allah ! Aussi que comptes-tu faire à présent ? Je suis ta servante et tes ordres sont sur ma tête et sur mon œil ! » Elle dit : « Va au plus vite auprès de lui, et transmets-lui le salut de ma part, et dis-lui que j’ai beaucoup de peine de sa peine. Et ensuite tu lui diras que demain, vendredi, avant la prière, je l’attends ici même. Qu’il vienne donc chez moi, et je dirai à mes gens : « Ouvrez-lui la porte », et je le ferai monter dans mon appartement et nous passerons ensemble une heure entière. Mais il faudra qu’il s’en aille tout de suite après, avant que mon père revienne de la prière ! »

Lorsque j’eus entendu les paroles de la vieille, je sentis les forces me revenir et s’évanouir toutes mes souffrances et se reposer mon cœur. Et je tirai de ma robe une bourse remplie de dinars et je priai la vieille de l’accepter. Elle me dit alors : « Maintenant raffermis ton cœur et sois content ! » Je lui répondis : « En vérité, c’est bien fini ! » Et, en effet, mes parents s’aperçurent vite de ma guérison, et furent au comble de la joie, ainsi que mes amis.

J’attendis donc de la sorte le jour du vendredi, et je vis arriver la vieille, qui me demanda des nouvelles de ma santé, et je lui dis que j’étais dans le bonheur et la bonne santé. Et nous nous mîmes à causer jusqu’à l’heure où tout le monde devait aller à la prière. Alors je me levai et je mis mes plus beaux