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histoire du bossu… (le barbier)
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habits et me parfumai à l’essence de roses, et j’allais courir chez l’adolescente lorsque la vieille me dit : « Tu as encore largement le temps. Il vaut donc beaucoup mieux, en attendant, aller d’abord au hammam prendre un bon bain et te faire masser et te faire raser et épiler, surtout maintenant que tu relèves de maladie. Et tu ne t’en trouveras que mieux ! » Je répondis : « En vérité, c’est là une idée excellente et pleine de justesse. Mais il vaut mieux d’abord que je fasse appeler ici-même un barbier pour qu’il me rase la tête ; et ensuite j’irai au hammam prendre le bain. »

J’ordonnai alors à un de mes jeunes serviteurs d’aller me chercher un barbier, en lui disant : « Va vite au souk, et cherche-moi un barbier qui ait la main légère, mais qui soit surtout un homme sage, discret, modique de paroles et de curiosité, et qui ne me fende pas la tête de ses paroles et de sa loquacité, comme le font la plupart des individus de sa corporation ! » Et mon serviteur courut à la hâte et me revint bientôt en m’amenant un vieux barbier.

Et ce barbier, c’est ce maudit-là que vous voyez tous là devant vous, ô mes seigneurs !

Lorsqu’il fut entré, il me souhaita la paix, et je lui rendis son souhait de paix. Et il me dit : «  Qu’Allah dissipe loin de toi tout chagrin, toute peine, tout souci, tout deuil et toute adversité ! » Je répondis : « Puisse Allah exaucer tes bons souhaits ! » Il continua : « Voici que je t’annonce la bonne nouvelle, ô mon maître, et le retour de tes forces et de