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histoire du roi omar al-némân…
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lées de toutes les espèces de pierreries. Et, elle-même, entourée des vingt jeunes filles à sa droite et à sa gauche, qui soulevaient les traînes de sa robe, s’avançait, toute merveilleuse, en se balançant.

À cette vue, Scharkân sentit sa raison s’envoler d’émotion ; et il oublia et ses soldats et son vizir et les conseils de son père ; et il se leva debout sur ses deux pieds, aimanté par tant de charmes, et récita ces strophes :

« Lourde de hanches, penchée, balancée ; les membres souples et fuselés ; la gorge douce et glissante et dorée ;

Tu recèles, ô très belle, tes trésors du dedans ! Moi, j’ai des yeux aigus qui percent toute opacité. »

Alors la jeune femme vint tout près de lui et le regarda longuement, longuement. Puis soudain elle lui dit : « Tu es Scharkân ! Je n’en doute plus. Scharkân, fils d’Omar Al-Némân, ô héros, ô magnanime, voici que tu éclaires cette demeure et l’honores ! Dis, ô Scharkân, ta nuit a-t-elle été tranquille et bonne ? Parle-moi ! Et surtout ne feins plus, et laisse le mensonge aux maîtres du mensonge ; car la feinte et le mensonge ne sont point les attributs des rois, et surtout du plus grand d’entre les rois ! »

Lorsque Scharkân eut entendu ces paroles, il comprit qu’il ne lui servirait guère de nier, et répondit : « Ô toi, ô très douce, je suis Scharkân ibn-Omar Al-Némân. Je suis celui qui souffre de la destinée qui l’a jeté sans défense et tout meurtri entre tes mains ! Fais de moi selon ton gré et tes dé-