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les mille nuits et une nuit

sirs, ô inconnue aux yeux noirs ! » Alors l’inconnue abaissa un instant ses yeux vers la terre, et réfléchit ; puis, regardant Scharkân elle lui dit : « Apaise ton âme et adoucis tes regards ! oublies-tu que tu es mon hôte et qu’entre nous il y eut le pain et le sel ? Et oublies-tu, en outre, qu’entre nous il y eut déjà mainte causerie amicale ? Tu es donc désormais sous ma protection et tu bénéficies de ma loyauté. Sois donc sans crainte, car, par le Messie ! si toute la terre se ruait contre toi, tu ne serais pas touché avant que mon âme fût sortie de mon corps, pour ta défense ! » Elle dit, et vint gentiment s’asseoir à ses côtés et se mit à causer avec un sourire très doux. Puis elle appela l’une de ses esclaves et lui parla en langue grecque ; et l’esclave sortit, pour revenir accompagnée de servantes qui portaient sur leur tête de grands plateaux chargés de mets de toutes les espèces, et d’autres qui portaient toutes sortes de flacons et des vases de boissons. Mais Scharkân hésita à toucher à ces mets ; et la jeune femme s’en aperçut et lui dit : « Tu hésites, ô Scharkân, et tu crois à la trahison. Ne sais-tu donc que j’aurais pu, dès hier, t’enlever la vie ? » Puis elle tendit, la première, sa main, et prit une bouchée de chaque plat. Et Scharkân eut honte de ses soupçons, et se mit à manger, et elle avec lui, et cela jusqu’à satiété. Puis, après s’être lavé les mains, ils firent apporter les fleurs et les boissons, dans de grands vases d’or, d’argent et de cristal ; et il y en avait de toutes les couleurs et des meilleures sortes. Alors la jeune femme remplit une coupe d’or et la but, la première ; puis elle la remplit de nouveau et la lui offrit ; et il la but.