Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 3, trad Mardrus, 1900.djvu/53

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histoire du roi omar al-némân…
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Et la jeune maîtresse du logis dit encore : « Qu’elle était aimée cette Izzat ! Et toi, prince Scharkân, si tu te rappelles les paroles que le beau Djamil disait à cette même Izzat, que tu serais gentil de nous les dire ! » Et Scharkân dit : « Vraiment, des paroles de Djamil à Izzat je ne me rappelle que cette seule strophe :

» Ô belle trompeuse, tu ne souhaites que ma mort, et tous tes désirs s’arrêtent là ! Et pourtant, malgré tout, c’est toi seule que je désire parmi toutes les filles de la tribu ! »

Et Scharkân ajouta : « Car, si tu ne le comprends pas, ô ma maîtresse, sache que je suis exactement dans la même situation que Djamil, et toi, comme Izzat pour Djamil, tu souhaites me faire mourir sous tes yeux ! » À ces paroles, la jeune femme sourit mais ne dit rien. Et l’on continua à boire jusqu’à l’apparition du matin. Alors elle se leva et disparut. Et Scharkân dut passer cette nuit encore, tout seul sur sa couche. Mais lorsque fut le matin, les servantes, comme d’habitude, vinrent le prendre au son des instruments et au rythme des doufouf, et, après avoir baisé la terre entre ses mains, lui dirent : « Fais-nous la grâce de venir avec nous chez notre maîtresse, qui t’attend ! » Alors Scharkân se leva, et sortit avec les esclaves qui jouaient des instruments et tapaient sur les doufouf, et arriva dans une seconde salle, bien plus merveilleuse que la première, et où il y avait des statues et des peintures figurant des animaux et des oiseaux, et beaucoup d’autres choses qui dépassaient toute description. Et Schar-