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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 6, trad Mardrus, 1901.djvu/100

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les mille nuits et une nuit

l’effraient et l’obligent à rentrer dans la mer ! Quant à la cavale, elle devient enceinte et enfante un poulain ou une pouliche qui vaut tout un trésor et qui ne peut avoir son semblable sur toute la surface de la terre. Et justement c’est aujourd’hui que viendra le cheval marin. Et moi, je te promets, une fois cette chose finie, de t’emmener avec moi et de te présenter à notre roi Mihrajân et de te faire connaître notre pays. Bénis donc Allah qui t’a fait me rencontrer, car sans moi tu mourais de tristesse dans cette solitude sans jamais plus revoir les tiens et ton pays, et sans que personne sût jamais ce que tu serais devenu ! »

À ces paroles, je remerciai beaucoup le gardien de la cavale et continuai à m’entretenir avec lui, quand soudain le cheval marin sortit de l’eau, fonça sur la cavale et la couvrit. Et quand il eut terminé ce qu’il avait à terminer, il descendit de dessus elle et voulut l’emmener ; or, elle ne pouvait se détacher du piquet et elle ruait et hennissait. Mais le gardien de la cavale se précipita hors de la caverne, appela ses compagnons à grands cris et tous, munis de glaives, de lances et de boucliers, s’élancèrent sur le cheval marin qui, pris de peur, lâcha prise et alla tel qu’un buffle se replonger dans la mer et disparut sous les eaux.

Alors tous les autres gardiens, chacun avec sa cavale, se groupèrent autour de moi et me firent mille amabilités et, après m’avoir encore offert à manger et avoir mangé avec moi, m’offrirent une bonne monture et, sur l’invitation du premier gardien, me proposèrent de les accompagner auprès du roi, leur