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histoire de sindbad le marin (2e voyage)
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Nous y séjournâmes quelque temps, à respirer le bon air ; ce qui me donna le temps de faire rechange de mes diamants contre de l’or et de l’argent comptant, plus que n’en pouvait tenir la cale d’un navire. Puis, nous partîmes de là ; et, d’île en île, et de pays en pays, et de ville en ville, où j’admirai chaque fois l’œuvre belle du Créateur, en faisant par-ci par-là quelques ventes, achats et échanges, nous finîmes par toucher, en pays béni, à Bassra, pour de là remonter jusqu’à Baghdad, la demeure de paix !

Alors je me hâtai de courir à ma rue et d’entrer dans ma demeure, riche de sommes considérables, de dinars d’or et des plus beaux diamants, que je n’avais pas eu le cœur de vendre. Aussi, après les effusions du retour au milieu de mes parents et de mes amis, je ne manquai pas de me comporter généreusement en répandant les largesses autour de moi, sans oublier personne.

Ensuite, j’usai joyeusement de la vie, en mangeant des mets exquis, en buvant délicatement, en m’habillant de riches habits, et en ne me privant guère de la société des personnes délicieuses. Aussi, j’avais tous les jours de nombreux visiteurs de marque qui, ayant entendu parler de mes aventures, m’honoraient de leur présence pour me demander de leur raconter mes voyages, et de les mettre au courant des affaires des pays lointains. Et moi, j’éprouvais un contentement effectif à les instruire sur tout cela : ce qui faisait que tous s’en allaient en me félicitant d’avoir échappé à de si terribles dangers, et en s’émerveillant de mon récit à la limite de l’émerveillement. Et c’est ainsi que prit fin mon second voyage.