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les mille nuits et une nuit

Bientôt l’effet du vin commença à se faire sentir sur son cerveau ; et comme il avait bu suffisamment pour s’enivrer, il ne tarda pas à danser d’abord à sa manière et à se trémousser sur mes épaules, pour ensuite s’affaisser, tous muscles relâchés, et à se pencher de droite et de gauche se tenant juste assez pour ne pas tomber.

Alors moi, sentant que je n’étais plus serré comme d’habitude, d’un mouvement rapide je dénouai ses jambes de mon col, et d’un coup d’épaules je l’envoyai sauter à quelques pieds et rouler sur le sol, où il resta sans mouvement. Alors je bondis sur lui, et, ramassant entre les arbres une pierre énorme, je lui en assénai sur la tête divers coups si bien ajustés que je lui écrasai le crâne et mêlai son sang à sa chair. Il mourut ! Puisse Allah n’avoir jamais compassion de son âme…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement.

MAIS LORSQUE FUT
LA TROIS CENT HUITIÈME NUIT

Elle dit :

… Puisse Allah n’avoir jamais compassion de son âme !

À la vue de son cadavre, je me sentis l’âme encore bien plus allégée que le corps, et je me mis à