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les mille nuits et une nuit

qui m’était arrivé, depuis le commencement jusqu’à la fin.

Lorsqu’ils eurent entendu mon récit, ils furent merveilleusement étonnés et se mirent à se parler entre eux, et celui qui parlait arabe m’expliquait ce qu’ils se disaient, comme il leur avait d’ailleurs fait comprendre mes paroles. Ils voulaient, tant ils étaient dans l’admiration, me conduire auprès de leur roi pour qu’il entendît mes aventures. Moi je consentis immédiatement ; et ils m’emmenèrent. Et ils ne manquèrent pas de transporter également le radeau tel quel avec ses ballots d’ambre et ses gros sacs remplis de pierreries.

Le roi, auquel ils racontèrent qui j’étais, me reçut avec beaucoup de cordialité ; et, après les salams réciproques, il me demanda de lui faire moi-même le récit de mes aventures. Aussitôt j’obéis et lui narrai tout ce qui m’était arrivé, sans omettre un détail. Mais il n’y a point utilité à le répéter.

À mon récit, le roi de cette île, qui était l’île de Serendib, fut à la limite de l’étonnement, et me félicita beaucoup d’avoir eu la vie sauve malgré tous les dangers courus. Alors moi je voulus lui montrer que les voyages m’avaient tout de même servi à quelque chose, et je me hâtai d’ouvrir en sa présence mes sacs et mes ballots.

Alors le roi, qui était grand connaisseur en pierreries, admira fort ma collection ; et moi, par égard pour lui, je choisis un échantillon fort beau de chaque espèce de pierres, et aussi plusieurs grosses perles et des morceaux entiers d’or et d’argent, et les lui offris en cadeau. Il voulut bien les accepter,