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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 6, trad Mardrus, 1901.djvu/188

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les mille nuits et une nuit

sécurité à Bassra, d’où je me rendis en hâte à Baghdad, avec mes richesses et le présent destiné au khalifat.

Aussi, avant toute chose, je me rendis au palais de l’émir des Croyants, et je fus introduit dans la salle de réception. Alors j’embrassai la terre entre les mains du khalifat, je lui remis la lettre et les présents et lui racontai mon aventure dans tous ses détails. Lorsque le khalifat eut fini de lire la lettre du roi de Serendib et qu’il eut examiné les présents, il me demanda si ce roi était aussi riche et aussi puissant que l’indiquaient sa lettre et ses présents. Moi, je répondis : « Ô émir des Croyants, je puis témoigner que le roi de Serendib n’exagère pas. De plus, à sa puissance et à sa richesse il joint un grand sentiment de justice, et gouverne son peuple avec sagesse. Il est le seul kâdi de son royaume, où d’ailleurs les gens sont si paisibles qu’ils n’ont jamais entre eux de contestations ! En vérité, ce roi est digne de ton amitié, ô émir des Croyants ! »

Le khalifat fut satisfait de mes paroles et me dit : « La lettre que je viens de lire et ton discours me prouvent que le roi de Serendib est un homme excellent qui n’ignore point les préceptes de la sagesse et du savoir-vivre. Heureux le peuple qu’il gouverne ! » Puis le khalifat me fit présent d’une robe d’honneur et de riches cadeaux, et me combla d’égards et de prérogatives, et voulut que mon histoire fût écrite par les scribes les plus habiles pour être conservée dans les archives du règne.

Alors, moi, je me retirai, et courus à ma rue et à ma maison, où je vécus au sein des richesses et des