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histoire de sindbad le marin (7e voyage)
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« Est-ce ainsi que les amis agissent avec leurs amis ? » Il me répondit : « J’ai d’abord à te remercier de ce que tu viens de faire pour moi. Seulement tu ignores que c’est toi, grâce à tes invocations inopportunes en prononçant le Nom, qui m’as, malgré moi, précipité du haut des airs ! Le Nom a sur nous tous cet effet ! Aussi nous ne le prononçons jamais ! » Alors, moi, pour qu’il me tirât de cette montagne, je lui dis : « Excuse-moi et ne me blâme pas, car vraiment je ne pouvais deviner les conséquences funestes de mon hommage au Nom ! Je te promets de ne plus le prononcer, durant le trajet, si tu veux maintenant consentir à me transporter à ma maison ! »

Alors le volatile se baissa, me prit sur son dos et, en un clin d’œil, me déposa sur la terrasse de ma maison, et retourna chez lui.

Lorsque mon épouse me vit, descendant de la terrasse, entrer dans la maison après une si longue absence, elle comprit tout ce qui venait de se passer, et elle bénit Allah qui m’avait encore une fois sauvé de la perdition. Puis, après les effusions du retour, elle me dit : « Il ne faut plus désormais fréquenter les habitants de cette ville : ce sont les frères des démons ! » Je lui dis : « Mais comment donc ton père vivait-il avec eux ? » Elle me répondit : « Mon père n’appartenait pas à leur société, et ne faisait guère comme eux et ne vivait point de leur vie. En tout cas, si j’ai un conseil à te donner, nous n’avons rien de mieux à faire, puisque mon père est mort…