Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 6, trad Mardrus, 1901.djvu/257

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire de zoumourroud avec alischar
249

à l’extrême. Il porte malheur ! » Et le mangeur de haschich, se tenant le ventre tant il avait des coliques de terreur, s’écria : « Hé ! ouallah ! ma bonne destinée m’a préservé de toucher à ce maudit riz à la cannelle ! » Et tous jurèrent de ne jamais plus prononcer le mot de riz à la crème !

En effet, quand vint le mois suivant et que le peuple fut de nouveau convoqué à prendre part au festin en présence du roi, il y eut un grand vide autour du plateau qui contenait le riz à la crème, et personne ne voulut même regarder de ce côté. Puis tout le monde, pour faire plaisir au roi, qui observait chaque convive avec la plus grande attention, se mit à manger et à boire et à se réjouir, mais chacun en ne touchant qu’aux mets placés devant lui.

Sur ces entrefaites, entra un homme à l’aspect effrayant qui s’avança rapidement en bousculant tout le monde sur son passage, et qui, voyant toutes les places prises excepté à l’entour du plateau de riz à la crème, vint s’accroupir devant ce plateau et, au milieu de l’effarement général, se disposa à tendre la main pour en manger.

Or, Zoumourroud aussitôt reconnut en cet homme son ravisseur le terrible Djiwân le Kourde, l’un des quarante de la bande d’Ahmad Ed-Danaf. Le motif qui l’amenait en cette ville n’était autre que la recherche de l’adolescente dont la fuite l’avait mis dans une fureur épouvantable, alors qu’il s’était préparé à la monter avec ses compagnons. Et il s’était mordu la main de désespoir et avait fait le serment de la retrouver, fût-elle derrière le mont