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Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 6, trad Mardrus, 1901.djvu/297

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histoire des six adolescentes
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côtés deux outres balancées, lourdes et redoutables dans leur lasciveté !

« Regarde-la quand elle s’assied, comme elle laisse à l’endroit quitté, en souvenir de son passage, ses fesses imprimées !

« Regarde-la danser quand d’un coup de hanche elle fait se pâmer nos âmes, et tomber nos cœurs à ses pieds ! »

« Quant à toi, ô maigre, à quoi peux-tu bien ressembler sinon à quelque moineau déplumé ; et tes jambes sont-elles faites autrement que les pattes du corbeau ; et tes cuisses ne ressemblent-elles pas au bâton du four ; et ton corps enfin n’est-il point sec et dur comme le poteau du pendu ? Et c’est bien de toi, femme décharnée, qu’il s’agit dans ces vers du poète :

« Qu’Allah me préserve d’être jamais forcé d’accoler cette femme maigre, et de servir de frottoir dans son passage obstrué de cailloux.

« Elle a dans chaque membre une corne qui se heurte et se bat avec mes os, tant que je me réveille avec la peau bleuie et fendillée ! »

Lorsque Ali El-Yamani eut entendu ces paroles de la grasse Pleine-Lune, il lui dit : « Tu peux maintenant t’arrêter ! Au tour de Houria-du-Paradis ! »

Alors la mince et svelte adolescente regarda la grasse Pleine-Lune en souriant et lui dit :

« Louanges à Allah qui m’a créée en me donnant