cacher la coupe : c’est ce qu’elle fit immédiatement en la dissimulant sous sa robe. Mais Abou-Nowas, malgré son ivresse, s’en aperçut et improvisa cette strophe :
« Quelle étrange aventure est mon aventure ! Une naïve jeune fille se transforme en voleuse et me ravit la coupe pour la cacher sous sa robe dans un endroit où je me voudrais voir moi-même caché. C’est un endroit que je nommerai pas, par égard pour le khalifat ! »
En entendant ces vers, le khalifat se mit à rire et, par manière de plaisanterie, dit à Abou-Nowas : « Par Allah ! dès maintenant je veux te nommer à un haut emploi. Désormais tu es le chef attitré des entremetteurs de Baghdad ! » Abou-Nowas se mit à ricaner et riposta à l’instant : « Dans ce cas, ô commandeur des Croyants, je me mets à tes ordres et te prie de me dire si tu as tout de suite besoin de mon entremise ? »
À ces paroles, le khalifat entra dans une grande colère et cria à l’eunuque d’aller immédiatement appeler Massrour le porte-glaive, l’exécuteur de sa justice. Et quelques instants après, Massrour arriva, et le khalifat lui ordonna de dépouiller Abou-Nowas de ses vêtements…
— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.