Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 6, trad Mardrus, 1901.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


HISTOIRE DE SINDBAD LE MARIN


Il est parvenu jusqu’à moi qu’il y avait, au temps du khalifat Haroun Al-Rachid, dans la ville de Baghdad, un homme appelé Sindbad le Portefaix. C’était un homme pauvre de condition et qui avait coutume, pour gagner sa vie, de porter des charges sur sa tête. Il lui arriva, un jour d’entre les jours, de porter une charge fort lourde ; et ce jour-là précisément était excessif de chaleur : aussi le portefaix se fatigua beaucoup de cette charge-là, et transpira. La chaleur était devenue intolérable, quand enfin le portefaix passa devant la porte d’une maison qui devait appartenir à quelque riche marchand, à en juger par le sol qui, tout autour, était bien balayé et arrosé d’eau de roses. Là soufflait une brise fort agréable ; et il y avait, près de la porte, un large banc où s’asseoir. Aussi le portefaix Sindbad, pour se reposer et respirer le bon air, déposa sa charge sur le banc en question, et sentit aussitôt une brise qui de cette porte-là s’en venait jusqu’à lui, pure et mêlée d’une délicieuse odeur ; aussi se délecta-t-il à tout cela, et alla-t-il s’asseoir à l’extrémité du banc.